La grossesse imprévue, c'est quoi ?
La question ainsi posée peut paraître idiote, et pourtant... pourtant, il circule un sacré nombre d'idées reçues sur ce thème, que nous aimerions ici questionner. Le propre d'une idée reçue est de se propager facilement sans réel fondement. Il n'y a donc aucune honte à en avoir soi-même sur toute sorte de sujets. Si vous vous êtes déjà posé une ou plusieurs des questions que nous évoquons sur cette page, nous vous proposons ici nos réponses. Elles représentent en quelque sorte, avec les informations sur la page Notre positionnement, ce qui fonde notre philosophie sur ce site.
Cette section est vouée à être évolutive en fonction des questions et idées reçues qui se présenteront, ou de vos témoignages.
Sommaire
Approche du concept de grossesse imprévue et/ou non désirée
En fait, il serait plus simple de commencer par dire ce que la grossesse imprévue n'est pas, ou en tout cas pas toujours, voire pas souvent. Ce n'est pas une chose honteuse. Ce n'est pas forcément la conséquence de l'irresponsabilité de gens qui méprisent les avancées en matière de contraception ou sont de parfaits débauchés. Ce n'est pas un problème facilement évitable si on s'en donne les moyens. Ce n'est pas une situation facile à gérer si on a un peu de jugeote.
A contrario, ce n'est pas non plus le clap de fin d'une vie personnelle ou de couple heureuse. Ce n'est pas forcément une tragédie. Ce n'est pas une fatalité contre laquelle on ne peut absolument pas lutter.
Une grossesse imprévue, c'est uniquement le fait de tomber enceinte sans l'avoir voulu ou programmé, dans une période où ça peut représenter un problème, quelles que soient les raisons de la personne enceinte ou du couple de considérer la situation comme une gêne.
Dans l'acception commune, on emploie parfois l'expression « grossesse non désirée » pour une grossesse qui n'a simplement pas été planifiée, même si la personne enceinte ou le couple l'accueille sans sentiment négatif, voire avec plaisir. Cette information est à retenir, car elle joue sur les statistiques dans ce domaine.
De manière générale, nous parlerons plutôt de grossesse imprévue sur le site. Les termes "grossesse non désirée" seront spécifiquement employés dans les cas où le ressenti face à la grossesse sera clairement négatif.
Maintenant que nous avons posé les bases, développons un peu les a priori persistants sur le sujet.
Quelques idées reçues sur la grossesse imprévue
Une personne tombe enceinte parce qu'elle n'a pas fait attention, c'est de sa faute
Alors, oui... mais non ! Prenons les choses dans l'ordre : oui, il peut arriver qu'une femme oublie un soir de prendre sa pilule, utilise avec son partenaire des préservatifs défectueux et/ou périmés, ou autre. Il y a presque autant d'erreurs possibles que de moyens de contraception existants. Mais même dans ce cas, convenez qu'un rapport sexuel potentiellement fertile se fait au moins à deux. A partir de là, tous les participants aux ébats ne devraient-ils pas s'inquiéter de ce léger détail qu'est la contraception ?
Quant à parler de faute... ce mot me semble assez fort pour un oubli partagé. Une erreur, oui. Qui aura des conséquences importantes, certes. Mais si on pouvait décharger la nouvelle d'une grossesse non attendue d'une telle notion culpabilisante, ce serait une grande avancée. Quelle qu'en soit la cause, se découvrir enceinte sans l'avoir souhaité est souvent en soi un choc à assimiler, ce n'est peut-être pas la peine d'en rajouter ! D'autant qu'au fond, autant se concentrer sur la suite, puisque c'est la seule chose sur laquelle on peut agir.
Enfin, toutes les contraceptions, même prises tout à fait conformément aux usages ont un taux d'échec. Aucune n'est à risque zéro.
Attention, nous ne nions pas que l'éducation à la contraception et à la sexualité est importante, très loin de là ! Mais lors d'une grossesse imprévue, la priorité est dans le choix à faire et la réalisation de ce choix.
Tu ne souhaitais pas être enceinte ? Réjouis-toi, la vie/Dieu/Cthullu (ou autre) te fait un cadeau inestimable !
En admettant qu'une puissance supérieure décide de faire un tel don à une femme, ce dont nous laissons la spiritualité de chacun et de chacune le soin de juger, ça ne retire pas le fait qu'un cadeau n'est pas forcément bien choisi. Offrir une vie en responsabilité, c'est tout de même extrêmement lourd !
Rappelons qu'il est déjà nécessaire de consulter les gens avant de leur offrir un chiot ou un chaton : Un animal nécessite des soins, de l'affection et de l'attention. Or non, tout le monde n'est pas capable d'assumer ces contraintes incontournables. Et non, tout le monde n'en a pas envie.
Nous pouvons aussi imaginer tout un tas de raisons pour lesquelles ce présent peut, voire doit être refusé pour plaire à la divinité qui vous l'offre : Peut-on vraiment prétendre avoir connaissance des désirs d'un être supérieur ? Et si, par exemple, la grossesse était l'occasion d'exercer un choix de vie nécessaire à des projets plus vastes ? Si l'expérience d'une IVG et de ses contraintes était nécessaire à un palier de compréhension ? Ce n'est qu'une hypothèse parmi d'autres qui peuvent être envisagées, mais elle nous semble à prendre en compte, non ?
Un bébé n'a jamais été un drame, plutôt une bonne nouvelle !
C'est un peu le pendant non lié à la religion de l'idée reçue précédente. Et là aussi, il y a de quoi réagir. Sans forcément parler tout de suite du cas le plus souvent mis en avant face à ce discours, à savoir celui d'une femme tombée enceinte à la suite d'un viol et qui ne supporterait pas d'endurer neuf mois de grossesse issue d'un tel drame (et encore moins d'élever un enfant qui lui rappellerait son bourreau), on peut faire quelques petites remarques de base sur le cas Madame Toulemonde, qui apprendrait une grossesse non désirée à la suite d'un rapport non ou mal protégé (et nous comptons là-dedans le cas où une contraception prise correctement s'avère inefficace)
L'engagement d'une vie est lourd, surtout quand il n'est pas souhaité au départ. Et que Mme Toulemonde se rende compte que ça lui sera difficile de le prendre, voire impossible, est-ce un mal ? Nous trouvons plutôt rassurant qu'elle réalise qu'entamer une grossesse a un poil plus de portée qu'aller cueillir des pâquerettes !
Si vous considérez que Mme Toulemonde a jusque-là été irresponsable dans sa sexualité, il est bon qu'elle prenne conscience des enjeux et se pose sérieusement la question de sa capacité à assumer la suite. S'il s'agit d'un malheureux concours de circonstances, la réflexion sera relativement équivalente.
On ne peut pas demander à une personne inconsciente ou non consentante de gérer convenablement neuf mois de grossesse, ni encore moins leur aboutissement.
Doit-on du coup mettre sous tutelle Mme Toulemonde pour l'obliger à tenir correctement les examens, surveiller de l'extérieur sa consommation d'alcool/de tabac/de médicaments, etc... ? Et quand on sait ce qu'est un accouchement, peut-on imposer cette épreuve finale assez corsée à une personne qui ne le souhaite pas ? Sans compter que si à l'arrivée elle ne veut ou ne peut toujours pas devenir parent et s'occuper d'un enfant, se pose également la question d'offrir un démarrage dans la vie plus que bancal à un bébé qui aura déjà eu bien peu de cartes en main depuis sa conception. Bref, est-il vraiment humain de retirer tout libre arbitre à quelqu'un au nom de la possibilité d'une vie à venir ? Ne vaut-il pas mieux prendre en compte les choix et possibilités d'une personne déjà là et vivante, plutôt que de protéger à tout prix un embryon qui évoluera jusqu'à devenir un bébé né dans des conditions plus que discutables (qu'on devra éventuellement compenser de bric et de broc sans garantie pour lui d'une existence heureuse) ?
Bon, d'accord, mais même pour la personne enceinte, interrompre une grossesse laisse toujours des séquelles irréversibles !
Une IVG, une fois encore, ne se conçoit pas vraiment sur le même plan que la chasse aux champignons. C'est une décision à réfléchir sérieusement. Son application n'est pas simple et oui, elle peut générer des séquelles psychiques ou physiques. Mais celles-ci ne sont pas une fatalité. De nombreuses personnes se remettent sans dommage d'une IVG, soit parce qu'elles ont bénéficié d'un bon soutien pour en atténuer l'impact, soit parce que, tout simplement, elles n'en ressentent pas de préjudice. Si le choix de l'avortement est bien pesé en amont, les conséquences négatives à long terme peuvent aussi être dues aux complications rencontrées pour y accéder.
Interrompre sa grossesse, c'est faire face à ceux qui ont leur idée sur ce qui est le mieux pour soi, tout en tentant de sauvegarder sa pensée propre. C'est devoir résoudre tout un tas de questionnements rapidement, parce qu'une fois qu'on se dirige vers cette option, le temps pour la mettre en œuvre est limité. C'est effectuer des démarches épuisantes et suivre un protocole pénible et souvent entravé tant par le corps médical que par l'entourage. C'est s'exposer à entendre nombre de propos culpabilisants et subir des gestes i,adéquats, alors même que l'IVG n'est pas forcément envisagée avec sérénité. C'est, enfin, accepter le risque de souffrances physiques lors de l'acte, qu'il soit sous la forme d'une prise de médicaments ou sous celle d'une intervention chirurgicale. Mais à part ce dernier exemple, le désagrément n'est pas lié directement à l'IVG elle-même. Avant de chercher à appréhender les dommages psychiques ou physiques liés à long terme à l'intervention, peut-être serait-il envisageable de réduire les coûts de celle-ci sur le moment ?
C'est un domaine de réflexion très vaste et une partie du site y sera consacrée, tout comme aux deux autres issues possibles à une grossesse non désirée. En attendant, il serait bon de rappeler ici que la décision de recourir à l'IVG ne doit appartenir en dernier lieu qu'à la personne concernée. A elle d'estimer si elle peut assumer les éventuelles conséquences de cet acte médical.
Et abandonner son enfant, alors, ce n'est pas un crime peut-être ?
Confier son enfant à l'adoption (et non, nous ne jouons pas sur les mots, la nuance a son importance) est une lourde décision, à la fois pour le parent et l'enfant. Parfois, elle est prise parce que la découverte tardive de la grossesse empêche une éventuelle IVG. Que ce soit le cas ou non, si une personne enceinte estime ne pas pouvoir ou vouloir répondre aux besoins de l'enfant à naître, quelles qu'en soient les raisons, en quoi serait-il dans l'intérêt de l'enfant de le lui imposer sa garde ?
On ne peut pas contraindre l'amour maternel, ni effacer des situations précaires ou de violence. Certes des aides existent pour pallier au mieux certaines difficultés, mais ça ne suffit pas forcément. Le soutien et la bienveillance ne font pas de miracles en soi. Si l'enfant risque d'être en danger en restant avec son ou ses parents, pour quelque cause que ce soit, pourquoi considérer sa mise à l'abri relative comme néfaste ?