Le déni de grossesse

Le déni de grossesse est la méconnaissance de sa propre grossesse avant un stade très avancé de celle-ci, parfois jusqu’au début du travail d’accouchement. Le corps semble souvent s’adapter à cette visions faussée de la réalité et marque peu la grossesse : le ventre ne sort pas, les signes d’alerte comme l’aménorrhée, les nausées ne sont pas là.

Le déni de grossesse peut également jouer sur la santé du fœtus, ne serait-ce qu’en raison d’un suivi logiquement absent et de son adaptation à un environnement un peu « hostile ». Par ailleurs, l’accouchement est souvent prématuré dans ce contexte.

Une restriction des issues possibles à la grossesse​

Une porte cadenassée

Découvrir tardivement qu’on est enceinte peut déjà être en soi une annonce difficile à assimiler. Mais cela crée également une situation où l’IVG est de fait  rapidement exclue de l’équation, du moins en France. Ce choix en moins peut bousculer cconsidérablement votre réflexion en modifiant les possibilités qui vous sont ouvertes concernant l'avenir de votre grossesse. Vous devrez souvent la mener à terme, voire carrément accoucher dans un délai très restreint.

 

Si vous voulez malgré tout recourir à une IVG, il faudra tenir un parcours encore plus complexe et très dépendant de l’avancée réelle de la grossesse. Cela passera probablement par une prise en charge à l'étranger, où les délais légaux pour interrompre une grossesse sont parfois plus longs qu'en France.

Votre grossesse est avérée au cours du 1er trimestre

Une horoge au loin

Dans ce cas, on ne parle pas vraiment de déni de grossesse au sens clinique du terme : vous avez peut-être simplement des cycles menstruels longs ou juste irréguliers ou une autre cause bénigne vous empêche de penser à une grossesse en cours. Le corps et l’esprit ne masquent réellement celle-ci puisqu'à ce stade les symptômes peuvent encore être peu perceptibles.

Si la situation vous préoccupe, ce qui est parfaitement compréhensible, c'est peut-être l'occasion de faire le point avec une sage-femme ou un gynécologue et de lui poser toutes les questions que vous vous posez. Ce n'est pas perdre du temps que de prendre celui de connaître mieux le fonctionnement de votre corps. Un soignant de confiance pourra également vous aider à poser votre réflexion sur la suite que vous voudrez donner à votre grossese.

 

Concernant  l'issue de votre grossesse justement, même si vous vous découvrez enceinte au troisième mois,  toutes les voies restent envisageables : IVG, poursuite de la grossesse en vue de confier l'enfant à l'adoption ou de l'élever.

Quelques conseils pour mener votre réflexion en un temps minimum

La possibilité de recourir à l’IVG en France est ouverte jusqu'à la seizième semaine d'aménorrhée (quatorzième semaine de grossesse), même si les démarches seront de plus en plus difficiles à mettre en œuvre au fur et à mesure de l'approche de l'extinction du délai légal.


La question majeure à laquelle vous devrez rapidement répondre sera donc  "puis-je, que ce soit au niveau physique, émotionnel, psychique, poursuivre une grossesse jusqu'à son terme ?" Eh oui, rien ne sert de penser aux possibilités d'adoption et de garde du bébé pour le moment si vous ne vous sentez pas capable de tenir jusqu'à l'accouchement, pour quelque raison que ce soit. 

Si la réponse à cette question est non, ne tardez pas à entamer les démarches pour une IVG avec l'aide de votre généraliste, de votre sage-femme ou de votre gynécologue. Gardez à l'esprit que votre décision n'est pas irrévocable et que vous pouvez renoncer à tout moment, y compris en fin de parcours. A l'inverse, plus tard vous demandez une IVG, plus sa réalisation sera incertaine et vous demandera d'efforts.

Si vous êtes prête à aller jusqu'au terme de la grossesse, que ce soit en vue de faire adopter le bébé ou de l'élever vous-même, l'urgence diminue grandement avec la disparition de l'éventualité d'une IVG. Vous pouvez plus sereinement mettre en place un suivi obstétrique et éventuellement psycho-social. Vous pouvez éventuellement trouver sur notre site des informations au sujet de chaque possibilité.

Votre grossesse est avérée après le 1er trimestre, mais l’accouchement n’est pas encore imminent

Une montre à gousset dans une main

Dans ce cas, on parle de déni de grossesse partiel. A ce stade, votre corps aurait dû vous envoyer des signaux de la grossesse en cours : aménorrhée, seins tendus, nausées, modification de la silhouette... tout n'arrive pas forcément et encore moins en même temps, mais à partir du quatrième mois de grossesse, il est anormal de ne pas du tout avoir eu d'alerte vous poussant a minima à vous questionner sur cette possibilité.

 

Il est difficile d'établir les causes du déni de grossesse. Les pistes les plus souvent évoquées sont celles de troubles psychiatriques ou une certitude eronnée de stérilité. Dans tous les cas, apprendre que vous êtes enceinte aussi tardivement n'est pas une situation anodine. D'un point de vue purement pragmatique, une fois la nouvelle encaisée, vous allez devoir faire le point sur la datation de la grossesse et sa bonne évolution. Ces démarches seront certainement éprouvantes, tant physiquement que mentalement.

 

Les soignants en obstétrique seront vos premiers interlocuteurs et ils vous apporteront au mieux les informations et le soutien nécessaires pour y voir plus clair après l'annonce de votre grossesse. Mais l'aide de psychologues, de psychiatres ou d'intervenants sociaux de confiance peut vous permettre de passer ce cap plus confortablement, d'autant que vous allez devoir être très réactive pour réfléchir à la suite.

Quelques conseils pour mener votre réflexion en un temps minimum

Si vous vivez un déni partiel de grossesse, l'éventail des issues possibles est plus restreint (du moins en France)

Jusqu’à un certain délai, vous pouvez encore envisager l’IVG hors de France, dans d’autres pays européens. Les modalités diffèrent donc forcément de la loi française mais vous pourrez trouver des ressources pour vous aider et vous orienter pour faire respecter votre décision, notamment le Planning Familial. La législation européenne permettant le délai le plus long pour pratiquer une IVG est actuellement l’Angleterre, avec 24 semaines d’aménorrhée. Pour plus d’information à ce sujet, vous pouvez regarder ici

 N'oubliez pas que malgré ces circonstances particulières, vous restez la seule personne apte à décider d'élever ou non l'enfant à naître.

Sachez enfin qu’après la découverte de la grossesse, il arrive souvent que le corps enceint se développe d’un coup, révélant plus concrètement votre état à vous comme aux autres.

Votre grossesse est avérée lorsque l’accouchement est imminent

Un chronomètre

Dans ce cas, on parle de déni de grossesse total. Votre corps a pu faire avancer la grossesse à terme ou quasiment sans que vous en ayez perçu la moindre alerte.  Ce phénomène est rare et absolument anormal, même en prenant en compte une possible méconnaissance de vos cycles menstruels et des signes habituels d'une grossesse.

Si vous êtes seule ou en tout cas non accompagnée de soignants de confiance et que votre accouchement est imminent, il est très important que vous appeliez le SAMU au 15. 

Ne restez surtout pas sans aide : un accouchement est une épreuve physique intense, potentiellement très douloureuse. Même si en règle générale, le corps féminin étant "programmé" pour accoucher y compris dans des situations inattendues, tout va bien, ça peut également très mal tourner, surtout si vous êtes en état de panique (et cette panique serait tout à fait normale au vu des circonstances !) De plus, deux vies sont en jeu : la vôtre et celle du bébé. Il est préférable que des personnes formées et compétentes pour agir dans l'urgence vous assistent et vous prennent en charge correctement.