Notre positionnement sur quelques
sujets sensibles

 Notre positionnement sur quelques
sujets sensibles

Sur Grossesse Imprévue nous ne nous adressons directement qu'à la personne enceinte. Nous ne voulons pas oublier le partenaire. On est en effet (au moins) deux pour débuter une grossesse. Mais les conséquences pour chacun ne sont pas les mêmes.

Nous voulons replacer la décision finale entre les mains de la personne pour laquelle les enjeux sont les plus importants.

Au sein d'un couple ou dans toute relation comportant des rapports sexuels, la discussion est souvent souhaitable. Idéalement, celle-ci devrait aborder
- la contraception
- la protection contre les IST/MST
- les désirs de chacun en matière de parentalité, notamment en cas de grossesse imprévue.
Nous encourageons vivement ces échanges quand ils sont possibles, car ils permettent de mieux gérer la sexualité à deux.

Mais toutes les situations ne sont pas idéales. La communication n'est pas forcément simple ni même juste possible entre les deux personnes à l'origine d'une grossesse. Et même si le partenaire est investi dans la relation et dans une éventuelle projection ou non de parentalité, il ne sera pas confronté aux conséquences très directes et immédiates de la grossesse et de ses suites.

Celles-ci se vivent en première ligne par la personne enceinte et en cas de poursuite de la grossesse, sur plusieurs mois minimum.

L'avenir d'une grossesse, décision de couple ou décision personnelle ?

Un couple d'amoureux visiblement épanouis

Des conséquences durant la grossesse

Si l'issue de la grossesse ne relève pas pleinement du choix éclairé de la personne qui la vit (qu'il s'agisse de poursuivre la grossesse ou de l'interrompre) la prise en charge sera probablement difficile et surtout plus mal vécue par la personne enceinte.

Examens parfois intrusifs voire douloureux, restrictions alimentaires et physiques, bouleversements hormonaux, psychiques et physiologiques, tout cela sera plus ou moins bien toléréé selon la personne, le moment, les circonstances... sans parler là encore de la finalité : un accouchement ou un avortement qui ne relève pas de la volonté de la personne qui le vit peut représenter un traumatisme extrêmement violent en plus de ne pas offrir toutes les conditions de sécurité nécessaires.

Il est donc difficile d'imaginer que la personne enceinte ne soit pas l'unique personne à pouvoir décider au final de ce qu'elle est en mesure de supporter et de vivre dans le cadre de sa grossesse, d'autant qu'un bon suivi médical ou médico-social nécessite qu'elle y participe activement.

Des conséquences après la grossesse

Une fois la grossesse achevée ou interrompue, la seule personne certaine d'être encore concernée par ses suites est toujours celle qui a été effectivement enceinte. Car peu importe l'issue de cet événement, le ou la partenaire a la possibilité matérielle et le plus souvent légale de se désengager de l'affaire.

Dans le cas d'une IVG, les suites sont essentiellement supportées par la personne qui y a eu recours : complications, douleurs, regrets ou souffrances psychiques éventuels si la décision était ambivalente, etc. Il n'est évidemment pas question ici de dire que le partenaire n'éprouve lui-même aucune souffrance ou regret. En revanche, d'une part il n'éprouvera pas les autres aspects évoqués, d'autre part son ressenti n'atténuera pas celui de la personne directement concernée.

En ce qui concerne la poursuite de la grossesse, rien n'empêche concrètement le partenaire de revenir sur ses potentiels promesses ou désirs exprimés : à n'importe quel stade de la grossesse, il lui suffit de s'éloigner ou d'être passif pour ne plus être tenu par les questionnements liés à cela.

En revanche, la personne enceinte n'a pas eu cette opportunité et a vu au contraire ses choix se restreindre au fil de l'avancée de la grossesse. Après la quatorzième semaine de grossesse, l'IVG n'est notamment plus envisageable en France, même si le compagnon/partenaire n'est plus soutenant pour un projet de parentalité ou de remise à l'adoption du bébé. Et après l'accouchement, c'est encore la personne qui a accouché qui va devoir assumer la décision du devenir du bébé, dans des conditions parfois très éloignées de celles où elle a pu accepter de mener la grossesse à terme.

Et quand les circonstances particulières s'en mêlent...

Et que dire de toutes les situations où la personne enceinte doit affronter seule ou dans des conditions déplorables la découverte de sa grossesse ! Mineures, victimes de violences ou dans une relation toxique, à la suite d'un viol... dans ces circonstances particulières mais hélas pas si rares, la personne est extrêmement fragilisée. Il est alors important qu'elle sache que  c'est à elle de décider de l'avenir de sa grossesse et que son choix doit être respecté.

Or pour faire ce choix sereinement, savoir à quoi s'attendre, trouver les réponses à ses questions et connaître les personnes vers lesquelles se retourner selon ses besoins est primordial.

C'est pour cela que nous préférons interpeller et donner les informations à la personne qui en a le plus directement besoin et le plus rapidement possible.

Cela n'empêche pas que toute autre personne, et surtout un partenaire non enceint, est invitée à piocher sur le site tout ce dont elle a besoin ! 

Les mouvements pro-vie

Une reine noire d'un jeu d'échecs surplombe une reine blanche à terre

L'IVG ou la poursuite de la grossesse en vue de garder l'enfant ou de le confier à l'adoption peuvent chacune être la solution la plus adaptée à une situation particulière pour une personne particulière.

Nous savons que pour beaucoup, la grossesse imprévue et ses suites sont un gros enjeu éthique et de société. L'IVG, notamment, est source de débats infinis sur sa légitimité et ses conséquences.

Nous ne nous prononcerons pas sur ce site sur
- les droits des enfants non encore nés
- le moment à partir duquel l'embryon ou le fœtus devient un être vivant distinct de la personne qui le porte

Sur ces sujets, nous en resterons à ce que dit la loi actuelle et à notre volonté première, d'aider et d'informer la personne enceinte quelles que soient ses convictions.
 

Certaines associations pro-vie (donc se positionnant plus ou moins clairement contre le principe même de l'IVG) ont des méthodes de communication que nous estimons non éthiques : entretenir le flou sur la réalité médicale de l'évolution d'un embryon ou d'un foetus, montrer l'IVG sous un jour très partial et dramatique... Ces méthodes S'apparentent beaucoup à des techniques de désinformation et de manipulation  

Cependant nous ne pouvons nier que ces associations peuvent être d'un grand soutien pour celles qui veulent poursuivre leur grossesse malgré des conditions difficiles et qui adhèrent à leurs valeurs. 

Ce double constat posé, comme nous nous revendiquons pro-choix éclairé, nous préférons ne pas rediriger notre public vers de telles structures, qui fondent souvent leur assistance sur la culpabilisation des personnes envisageant l'IVG.

Si votre choix concernant l'avenir de votre grossesse n'est pas parfaitement établi, nous vous recommandons vivement de ne pas vous retourner vers des associations pro-vie, qui excluent l'une des possibilités à envisager, voire la criminalisent. Elles biaisent ainsi votre réflexion en ne vous permettant pas de former une décision éclairée.

Si vous êtes certaine de vouloir poursuivre votre grossesse et que vous désirez savoir ce que ces associations peuvent vous apporter comme soutien, elles sont en général très bien référencées dans les moteurs de recherche.
N'hésitez pas à comparer les discours, les intentions affichées et les aides proposées. Peut-être trouverez-vous là-bas votre solution et les appuis nécessaires à votre projet. Cela ne vous empêchera en rien de chercher également aide et ressources sur notre site, si vous le souhaitez.

Grossesse et transidentité/public LGBT

Un drapeau LGBT qui flotte

Si on associe volontiers grossesse et féminité, les femmes ne sont pourtant pas seules à pouvoir tomber enceintes. Une partie de la population se définissant comme transgenre ou non-binaire peut également se trouver confrontée à cette situation. Quelle que soit votre identité de genre, si vous possédez un appareil reproducteur féminin fonctionnel, une grossesse n'est pas exclue.

Pour ces personnes, les problématiques habituelles de prise en charge se doublent de difficultés liées à leur identité de genre. Certaines de ces difficultés, comme la dysphorie de genre ou la gestion d'un éventuel traitement hormonal, se jouent au niveau individuel. Mais la méconnaissance des professionnels sociaux et de santé sur les questions de genre peuvent les majorer mais aussi en créer de nouvelles

Enfin, une autre complication existe pour les personnes transgenres enceintes qui voudraient s'informer par elles-mêmes sur leur grossesse : trouver des sources d'information qui ne s'adressent pas qu'aux femmes cis, autrement dit aux femmes dont le genre est en accord avec leur sexe biologique. 

Nous désirons donc rassembler sur ce site de quoi répondre aux interrogations spécifiques des personnes enceintes concernées. Cette démarche implique de nous montrer courtois et surtout cohérents, en appliquant à tout le site un vocabulaire un minimum inclusif.

Il existe en effet un outil de lutte contre l'invisibilisation des personnes trans : l'écriture inclusive. En simplifié, il s'agit de rendre notre langue la moins genrée possible, en créant par exemple des pronoms neutres ou des manières de représenter tous les genres sur les mots accordés. Malheureusement, utiliser cette méthode peut compliquer la compréhension de nos textes pour les personnes non habituées. 

Pour garder notre contenu facilement lisible par tous et permettre aux personnes enceintes concernées par grossesse et transidentité de se sentir accueillies, nous avons choisi d'adapter au mieux le vocabulaire général. Nous parlerons notamment ainsi toujours de « personnes » et non de femmes enceintes.

Néanmoins, sur la page dédiée au public LGBT, nous emploierons l'écriture inclusive. Nous présumons en effet que toute personne intéressée par ces sujets précis acceptera de faire l'effort de s'adapter à ce qui est plus confortable pour les gens directement concernés.

Vie intime, affective et sexuelle
des personnes handicapées
et désinstitutionnalisation

Image décorative

Grossesse Imprévue est initialement née de la difficulté d'une personne handicapée à obtenir les informations, soins et accompagnements nécessaires lorsqu'elle s'est découverte enceinte.

En théorie, la loi est claire : toute personne a le droit de déterminer ses choix de vie et d'être soutenue et accompagnée dans ceux-ci si nécessaire. Mais en pratique en France, les personnes handicapées rencontrent de nombreuses difficultés pour exercer leur liberté de faire et de voir respecter des choix de vie, notamment dans le domaine de la vie intime, affective et sexuelle. Elles doivent affronter en permanence le manque d'accessibilité des services publics et des soins, les préjugés validistes et psychophobes profondément ancrés dans notre société, le manque d'information neutre et adaptée...

Notre volonté à Grossesse Imprévue est de proposer des infos et un soutien à toutes les personnes enceintes en questionnement sur l'avenir de leur grossesse. Pour cela, nous travaillons sur
- des supports d'information accessibles au maximum de personnes, y compris lorsque leur handicap exige des adaptations
- des ressources répondant aux problématiques spécifiques liées à plein de circonstances particulières pouvant entourer la grossesse.

Mais il existe un public encore plus privé de ressources et d'informations que les personnes handicapées en milieu dit "ordinaire : les personnes qui vivent au sein d'institutions (établissements médico-sociaux ou psychiatriques notamment)
En effet, ces structures, gérées par des "associations gestionnaires", organisent souvent plus ou moins sciemment un déni du droit de leurs pensionnaires à faire des choix en matière de vie intime, sexuelle et affective et à les voir respecter :
- règlements intérieurs imposant la contraception ou la stérilisation pour être accueilli, ou interdisant les rapprochements amoureux et/ou les rapports sexuels
- Impossibilité de conserver une vraie vie intime en raison du fonctionnement même du service
- quasi impossibilité d'accéder aux informations et aux soins selon la demande et les besoins exprimés des personnes accueillies
Etc.

L'ONU s'est emparé du sujet, notamment dans un rapport paru en 2019 (source ICI) assez cinglant, invitant la France à entamer une politique de désinstitutionnalisation du handicap.

Cette politique passe entre autres par la fermeture de tels lieux d'accueil qui ne soutiennent en rien l'autonomie des personnes handicapées et les maintiennent au contraire à part de la population générale.

Grossesse Imprévue a pour principe de base que toute personne doit avoir accès à une information et des soins loyaux et adaptés en matière de santé sexuelle et reproductive. Nous ne pouvons donc que souhaiter ardemment la désinstitutionnalisation du handicap et faire au maximum pour travailler dans ce sens.