Je suis enceinte et je suis mineure
La découverte d'une grossesse imprévue est toujours un moment délicat. Quand en plus on est mineure, d'autres problématiques particulières se rajoutent.
Une grossesse avant la majorité peut plus souvent résulter d'une situation de violence ou d'emprise que dans la population adulte. Ce n'est pas forcément le cas, mais si vous vous sentez concernée par ce sujet, sachez que des professionnels, associations et services peuvent vous aider.
Quelle que soit la situation dans laquelle vous vous trouvez, mineure et enceinte, vous n'êtes coupable de rien. Vous avez le droit de demander du soutien et un suivi médical et/ou social et/ou psychologique, y compris sans l'accord de vos parents si nécessaire.
Sommaire
- Votre corps, votre choix... et vos droits !
- Des modalités différentes pour le recours à l'IVG
- Des questions supplémentaires en cas de poursuite de la grossesse
Votre corps, votre choix... et vos droits !
Il n'est jamais facile de réagir quand un événement intense comme la découverte d'une grossesse déboule dans votre vie. Peut-être votre situation personnelle, familiale, amoureuse, etc. se télescope violemment avec cette nouvelle. Mais vous n'êtes pas seule et des solutions existent.
Dans un premier temps, voici quelques informations sur vos droits en tant que personne enceinte.
Le choix de l'issue de la grossesse vous appartient
"Mon corps, mon choix" n'est pas qu'un slogan militant. C'est une transcription simplifiée de la loi française, selon laquelle personne ne peut forcer une personne enceinte à interrompre sa grossesse (source ICI) ni à la poursuivre si elle souhaite recourir à une IVG (source ICI). Ne pas être majeure ne change rien au fond de ce principe légal.
Vous êtes donc la seule personne qui peut décider d'interrompre ou de poursuivre la grossesse, tant que vous restez dans le délai de quatorze semaines de grossesse (ou seize semaines d'aménorrhée). En cas de demande d'IVG, les modalités diffèrent un peu du protocole pour les personnes majeures, mais tout doit être fait pour respecter votre choix, même si l'échéance légale est proche.
Si vous menez la grossesse à son terme, c'est également à vous de choisir si vous souhaitez confier le bébé à l'adoption après sa naissance ou devenir parent. Là encore, personne ne peut vous imposer une voie qui ne vous convient pas.
Si vous envisagez de confier l'enfant, vous pouvez accoucher sous x ou sous votre identité pour établir une filiation avec l'enfant. Si vous devenez parent, l'autorité parentale vous appartiendra pleinement.
Vous êtes l'actrice principale de votre suivi
La grossesse implique de nombreux autres choix et actes au-delà de la détermination de son issue. Et il est très probable que des gens, souvent animés des meilleures intentions du monde, tentent de vous influencer dans un sens ou dans l'autre à chaque étape. Néanmoins, vous ne pourrez pas avancer seule, ne serait-ce que parce que votre état nécessite un suivi a minima médical.
Il vous faudra donc, en plus des différents professionnels "techniciens", au moins une personne capable de vous aider à mieux appréhender les données médicales, sociales ou juridiques qui vous concernent, et de discuter avec vous des différentes possibilités offertes. Cela peut être un proche, un soignant, un éducateur, un membre d'association... Si vous parvenez à vous entourer de plusieurs personnes fiables qui savent communiquer avec vous et entre elles, vous gagnerez en confort et en capacité d'action.
Choisissez donc bien ceux en qui vous placez votre confiance. Ils doivent vous donner une information complète et loyale, répondre à vos questions sans vous culpabiliser et sans vous presser. Ils doivent vous renvoyer vers des sources d'information claires et le moins biaisées possible. Et surtout, ils doivent respecter vos choix et vous soutenir dans leur réalisation, même s'ils ne sont pas d'accord avec vous.
Ne pas informer vos parents/représentants légaux, une réflexion qui vous revient
Une des questions qui se posent lors de la découverte d'une grossesse, c'est celle de son annonce à vos parents ou représentants légaux. Parler des circonstances dans lesquelles vous êtes tombée enceinte et de vos questionnements n'est sans doute pas simple. Il est normal d'avoir peur ou d'être anxieuse, quels que soient vos rapports avec votre famille..
Nous nous permettons de vous poser ici quelques rappels pour mener votre réflexion sur ce sujet qui, nous le savons, peut comporter de nombreux enjeux.
Premièrement, vous n'êtes pas coupable de ce qui vous arrive. Jamais. Quelle que soit la situation. Vous êtes mineure. La santé reproductive est un domaine complexe dans lequel des adultes sont censés vous épauler et se perdent parfois eux-mêmes. Par ailleurs, le partenaire avec qui la grossesse a été initiée est tout autant concerné et responsable que vous.
Ensuite, votre santé (physique comme psychique) est en jeu, ainsi que potentiellement celle d'un bébé à naître.
Si vous ne pensez pas pouvoir avertir vos parents que vous êtes enceinte, vous avez probablement de bonnes raisons. Mais surtout, ne restez pas seule face à votre grossesse ! Dans votre contexte, il vous sera très difficile de vous passer d'aide extérieure.
Enfin, sachez que vos parents ont une obligation légale de soutien envers vous, même s'ils ne sont pas d'accord avec vos choix (source ICI). Ils sont tenus de vous héberger et de vous aider matériellement. Et si vous devenez parent, vous avez et gardez l'autorité parentale pleine et entière (source ICI)
Qu'ils s'agisse d'autres personnes de votre entourage, de professionnels de votre milieu scolaire, de membres d'associations ou de soignants, il faut vous trouver des adultes de confiance pour vous accompagner.
Des modalités différentes pour le recours à une IVG
Il est important de vous rappeler que, selon la loi, si vous décidez de recourir à une IVG, tout doit être mis en œuvre pour faire respecter votre choix. Mais les modalités et conditions d'accès sont un peu modifiées par rapport au parcours adulte.
Dans cette petite partie, nous aborderons les deux principales adaptations par rapport au parcours IVG d'une personne enceinte adulte. Si vous souhaitez des informations plus précises sur l'IVG et son déroulement, nous vous invitons à consulter notre page dédiée, mais également l'excellent site ivg.gouv.fr, réalisé en collaboration avec le Planning Familial.
Une personne majeure pour vous épauler
Même si le consentement de vos parents ou représentants légaux n'est pas indispensable si vous demandez une IVG, les soignants sont obligés de vous inciter à le rechercher (source ICI). Attention, cela ne signifie pas que votre grossesse sera révélée contre votre gré à vos parents ! Si vous maintenez votre demande d'IVG sans leur faire part de votre grossesse ou s'ils sont dans l'impossibilité de se manifester, les soignants sont tenus au secret médical, mais également de continuer la procédure vers l'avortement.
Néanmoins, la loi impose qu'une personne majeure de votre choix, quelle qu'elle soit (ami, famillle, membre d'une association, etc.) vous accompagne lors de vos démarches. Cela peut vous apparaître comme une contrainte incompréhensible, notamment si vous ne voyez pas qui pourrait assumer ce rôle. Mais l'IVG reste un parcours médical qui peut être long et éprouvant. Mieux vaut pouvoir vous appuyer sur un adulte qui pourra porter ou soutenir votre parole plus facilement auprès des soignants, car elle sera moins sujette à de possibles pressions, infantilisations, etc. N'hésitez pas à discuter avec cette personne de vos souhaits, de vos besoins et de vos peurs et limites.
L'entretien psychosocial,
pour faire le point
La seconde grande différence avec le parcours d'une personne enceinte majeure, c'est l'obligation de mener un entretien psychosocial. Ce dernier reste recommandé lorsqu'on est adulte, car il permet de se poser avec un professionnel informé et de faire le point sur différents aspects de la situation globale.
Cette consultation n'est pas un frein à l'avancement dans votre parcours : Pour mémoire, tout doit être fait pour vous permettre de mener la procédure au bout. Par ailleurs, il n'y a plus de délai de réflexion imposé entre ce moment et la réalisation de l'IVG (source ICI). Vous gardez la maîtrise de votre décision.
Le but de l'entretien psychosocial est d'ouvrir un espace d'information et de soutien pour affiner votre réflexion et vos décisions et poser toutes les questions qui vous restent en tête. C'est aussi le moment de déterminer de quels accompagnements vous avez besoin.
L'entretien peut se dérouler en centre de santé sexuelle, auprès d'un médecin ou d'une sage-femme, en présentiel ou en distanciel.
Des questions supplémentaires en cas de poursuite de la grossesse
Que vous souhaitiez ou non devenir parent, la poursuite de votre grossesse entraînera déjà des conséquences pour votre vie quotidienne. Réfléchir à tout cela en amont pourra rendre les démarches plus confortables, surtout si vous êtes correctement épaulée par des adultes compétents. Nous vous proposons de faire le tour de quelques sujets à envisager et vous laissons le soin d'y piocher ce qui vous intéresse.
Hébergement en cas de difficultés familiales
Vos parents sont légalement tenus de vous héberger tant que vous êtes mineure. Mais si vous avez des difficultés familiales, ou qu'il vous semble difficile pour quelque raison que ce soit de demeurer chez eux, il est possible d'envisager un hébergement en centre maternel.
Ces centres sont gérés par l'Aide Sociale à l'Enfance ou par des associations privées. Dans ce dernier cas, faites attention aux valeurs portées par les gestionnaires, elles conditionneront l'accueil et le soutien qui vous seront proposés.
Il existe deux voies d'accès pour intégrer un centre maternel : une décision judiciaire/administrative ou une demande faite avec vos parents/représentants, qui doivent dans ce cas donner leur accord (source ICI)
Dans un centre maternel, vous serez entourée par divers professionnels qui vous accompagneront tant au niveau médical/psychologique que social. Ils ont aussi une compétence pour vous aider si nécessaire à entretenir des liens familiaux les plus sains possibles.
L'objectif de cette prise en charge est de vous donner tous les outils pour être autonome et pour réussir votre scolarité et une éventuelle insertion professionnelle.
Attention, votre éventuel partenaire de vie ne pourra pas vivre avec vous en centre maternel. Il sera en revanche le bienvenu pour tout apprentissage, questionnement ou démarche concernant une future parentalité.
Si vous souhaitez confier l'enfant après l'accouchement, un centre maternel peut aussi vous accueillir et vous épauler, y compris pendant que le délai de rétractation court.
Scolarité et grossesse
Étant mineure, il est probable que vous soyez scolarisée.
Poursuivre une grossesse en même temps que votre scolarité peut légitimement vous inquiéter. Les cours, le travail à la maison et les examens imposent déjà un rythme fatigant. Rajouter les contraintes liées à votre état peut vous sembler insurmontable, surtout si vous envisagez de garder l'enfant une fois né. Mais tout peut très bien se passer, courage !
Si vous êtes scolarisée au collège ou au lycée, le personnel médico-social de votre établissement est le premier interlocuteur que vous pouvez solliciter pour vous aider à gérer les choses. En accord avec vos professeurs, ils peuvent vous permettre d'aménager au mieux votre scolarité, en vous justifiant un accès facilité à l'infirmerie par exemple ou en organisant le rattrapage des cours que vous pourriez rater pendant les consultations de suivi.
Si vous ne pouvez pas continuer à vous rendre dans votre établissement, que les absences vous pénalisent trop ou que vous étudiez à domicile, vous pouvez réclamer, avec l'aide d'adultes (famille, personnel médico-social, associations, médecin traitant, sage-femme, etc.), le soutien de différents services (APADHE et CNED) pour vous permettre de garder le fil scolaire (source ICI).
Concernant les examens comme le brevet ou le bac, vous pouvez demander des aménagements, comme l'accès aux toilettes sans restriction dès la première heure.
N'oubliez pas que votre santé et celle du foetus sont en jeu et prioritaires. Un examen peut se repasser, votre vie est en exemplaire unique.
Des aides financières possibles
En tant que mineure, vos parents doivent vous épauler matériellement. Mais il est également possible de percevoir des aides financières selon votre situation et vos besoins. Consulter une assistante sociale vous aidera à débroussailler ce qui est possible.
En cas de demande d'IVG, tous les frais médicaux sont pris en charge par l'Assurance Maladie (source ICI). Vous n'avez donc pas à vous soucier de cet aspect si tel est votre choix.
Si vous poursuivez votre grossesse, un suivi médical en PMI est gratuit. Par ailleurs, comme pour toute personne enceinte, l'Assurance Maladie prend en charge tous les frais médicaux à partir du 6ème mois, y compris ceux qui ne sont pas en lien direct avec la grossesse et ceux liés à l'accouchement (source ICI)
Si vous devenez parent à la suite de votre grossesse, d'autres soutiens financiers sont possibles, dont le RSA ou la PAJE. Là encore, les professionnels du social sauront vous aiguiller au mieux.
Les questions à vous poser
Quelle que soit votre situation personnelle, posez-vous certaines questions de base. De préférence, faites-le avec des adultes de confiance qui pourront vous donner des pistes de réflexion sur les possibilités de mise en place d'aides pour arriver à vos fins.
Quels sont vos projets d'études/professionnels ? Pensez-vous pouvoir les mener de front avec une parentalité si vous souhaitez garder l'enfant ? Des aides existent, mais vous êtes la seule personne à connaître vos limites personnelles.
Si vous souhaitez le faire adopter, pourrez-vous absorber le choc et organiser au besoin un suivi pour vous soutenir ? Si la voie que vous désirez suivre est trop difficile à suivre, quelles sont les alternatives envisageables ?
Bref, autant que possible, sécurisez votre parcours et voyez les ressources dont vous pouvez disposer autour de vous pour avancer dessus.
Si vous désirez garder le bébé à naître, rappelez-vous que même dans des circonstances idéales, élever un enfant est difficile. C'est épuisant, potentiellement coûteux, souvent dur émotionnellement.
Bien entendu, c'est souvent également une grande source de joie et d'épanouissement. Mais un bébé étant par définition ultra dépendant, il faut que quelqu'un puisse lui offrir du temps et de l'énergie, en plus évidemment des soins adéquats.
Tout ceci n'a clairement pas pour but de vous décourager. Il y a des solutions à tout problème. Etre parent, cela s'apprend, y compris quand on est adulte ! Certains professionnels sont spécifiquement formés pour vous épauler pour les soins, pour vous relayer si besoin, bref, pour vous soutenir dans ce choix de vie.
Quelques mots pour conclure
Comme nous l'affirmons et le répétons une fois encore, vous êtes la seule personne qui peut décider la voie que vous emprunterez. Interrompre votre grossesse ? La poursuivre ? Confier l'enfant ? Devenir parent ? Il n'y a pas de bonne décision par défaut. Ce qui importe avant tout, c'est que vous fassiez au mieux pour vous, avec votre situation unique et singulière. Nous espérons vous avoir transmis sur cette page les informations nécessaires pour mener votre réflexion et entamer les démarches qui vous conviennent. Vous pouvez les compléter avec nos pages de ressources, internes comme externes.
