La grossesse imprévue, c'est quoi ?
La question ainsi posée peut paraître idiote. Et pourtant ! Ce concept véhicule un certain nombre d'idées reçues, que nous aimerions ici questionner.
Le propre d'une idée reçue est de se propager facilement malgré la faiblesse de ses fondements. Personne ne peut valablement se prétendre immunisé contre ce phénomène. Ce n'est pas grave ! Ce qui importe, c'est d'être capable de confronter ses croyances à une réflexion plus aboutie et aux faits.
Si vous vous êtes déjà posé une ou plusieurs des questions que nous abordons sur cette page, nous vous proposons nos réponses. Elles représentent en quelque sorte, avec les informations sur la page Notre positionnement, ce qui fonde notre philosophie sur ce site.
Cette section est vouée à être évolutive en fonction des questions et idées reçues qui se présenteront, ou de vos témoignages.
Sommaire
Brève approche du concept de grossesse imprévue et/ou non désirée

Il serait plus simple de commencer par dire ce que la grossesse imprévue n'est pas, ou en tout cas pas toujours, ou pas souvent : Ce n'est pas une chose honteuse. Ce n'est pas forcément la conséquence de l'irresponsabilité de gens qui méprisent les avancées en matière de contraception ou sont de parfaits débauchés. Ce n'est pas un problème toujours évitable, même quand on s'en donne les moyens. Ce n'est pas une situation facile à gérer, même si on est intelligent et éduqué.
A contrario, ce n'est pas non plus le clap de fin d'une vie personnelle ou de couple heureuse. Ce n'est pas forcément une tragédie. Ce n'est pas une fatalité contre laquelle on ne peut absolument pas lutter.
Une grossesse imprévue, c'est simplement et uniquement le fait de tomber enceinte sans l'avoir voulu ou programmé. La grossesse imprévue devient une difficulté lorsque, pour quelque raison que ce soit la personne enceinte ou du couple la considère cette situation comme problématique.
Dans l'acception commune, on emploie parfois l'expression « grossesse non désirée » pour une grossesse qui n'a simplement pas été planifiée, même si la personne enceinte ou le couple l'accueille sans sentiment négatif, voire avec plaisir. Cette information est à retenir, car elle joue sur les statistiques que l'on peut retrouver quand on s'intéresse à ce sujet.
C'est pour cela que nous parlons plutôt de grossesse imprévue sur notre site, afin de rester le plus neutre possible. Les termes "grossesse non désirée" seront néanmoins spécifiquement employés dans les contextes où le ressenti face à la grossesse sera clairement nommé comme négatif.
Maintenant que nous avons posé les bases, développons un peu les a priori persistants sur le sujet.
Quelques idées reçues sur la grossesse imprévue
Une personne ne peut tomber enceinte
que si n'a pas fait attention,
c'est de sa faute !

Prenons les choses dans l'ordre : oui, il peut arriver qu'une femme oublie un soir de prendre sa pilule, utilise avec son partenaire des préservatifs défectueux et/ou périmés, ou fasse d'une manière ou d'une autre preuve de légèreté avec sa contraception. Il y a presque autant d'erreurs possibles que de moyens de contraception existants. Mais même dans ce cas, souvenons-nous qu'un rapport sexuel potentiellement fertile se fait au moins à deux ! A partir de là, tous les participants aux ébats ne devraient-ils pas s'inquiéter de ce léger détail qu'est la contraception ?
Quant à parler de faute... ce mot me semble assez fort pour un oubli partagé. Une erreur, oui. Qui aura des conséquences importantes, certes. Mais il est nécessaire de décharger la nouvelle d'une grossesse non attendue de toute notion de culpabilité. Quelle qu'en soit la cause, se découvrir enceinte sans l'avoir souhaité est souvent en soi un choc à assimiler, rajouter une pression supplémentaire n'aidera pas à résoudre la situation ! Autant se concentrer sur la suite, puisque c'est la seule chose sur laquelle on peut encore agir, et si besoin responsabiliser la personne enceinte.
Il est bon de rappeler également que toutes les contraceptions, même utilisées avec rigueur et sérieux, peuvent dysfonctionner. Il n'existe pas de risque zéro, y compris en conditions idéales.
On mesure l'efficacité d'un dispositif contraceptif grâce à l'indice de Pearl (source ICI).
Il est indispensable de développer un bon accès pour toute la population à une bonne éducation à la contraception et à la vie affective et sexuelle. C'est un outil indispensable de prévention et de réduction des risques à l'échelle de la santé publique.
Mais lors d'une grossesse imprévue, la priorité est de permettre à la personne enceinte de faire son choix le plus sereinement possible concernant les suites à donner à cet événement, et de l'accompagner au mieux dans la mise en oeuvre de sa décision.
Interrompre une grossesse
laisse toujours des séquelles irréversibles
à la personne enceinte, non ?

Une interruption volontaire de grossesse (IVG) s'envisage rarement comme une partie de plaisir. C'est une décision qui se réfléchit, comme tout geste médical. Sa mise en oeuvre pratique n'est par ailleurs pas toujours simple et dépend beaucoup des soignants et structures disponibles à proximité.
En dehors de ces aspects, l'IVG peut effectivement générer des séquelles psychiques ou physiques. Celles-ci ne sont pourtant pas inévitables. De nombreuses personnes se remettent sans dommage d'une IVG, soit parce qu'elles ont bénéficié d'un bon soutien pour en atténuer l'impact, soit parce que, tout simplement, elles n'en ressentent pas de préjudice.
Si le choix de l'avortement est bien pesé en amont, les conséquences négatives à long terme peuvent être dues aux complications rencontrées pour y accéder : interrompre sa grossesse, c'est faire face à ceux qui ont leur idée sur ce qui est le mieux pour soi, tout en tentant de sauvegarder sa pensée propre. C'est devoir résoudre tout un tas de questionnements rapidement, parce qu'une fois qu'on se dirige vers cette option, le temps pour la mettre en œuvre est limité. C'est effectuer des démarches éprouvantes et suivre un protocole pénible et souvent entravé tant par le corps médical que par l'entourage. C'est s'exposer à entendre nombre de propos culpabilisants et subir des gestes inadéquats, alors même que l'IVG n'est pas forcément envisagée avec sérénité.
C'est, enfin, accepter le risque de souffrances physiques lors de l'acte, qu'il soit sous la forme d'une prise de médicaments ou sous celle d'une intervention chirurgicale. Mais à part ce dernier exemple, le désagrément n'estbsouvent pas lié directement à l'IVG elle-même. Avant de chercher à appréhender les dommages psychiques ou physiques liés à long terme à l'intervention, peut-être serait-il envisageable de réduire les coûts de celle-ci sur le moment ?
C'est un domaine de réflexion très vaste et une partie du site y sera consacrée, tout comme aux deux autres issues possibles à une grossesse non désirée. En attendant, il serait bon de rappeler ici que la décision de recourir à l'IVG ne doit appartenir en dernier lieu qu'à la personne concernée. A elle d'estimer si elle peut supporter les éventuelles conséquences de cette intervention.
Si vous voulez une ressource sur les travaux menés sur les séquelles éventuelles amenées par le recours à une IVG, nous vous recommandons cette page de la Revue Médicale Suisse
Un bébé n'a jamais été un drame, plutôt une bonne nouvelle !

Il est tentant d'évoquer d'emblée le cas le plus souvent mis en avant face à ce discours : une femme tombée enceinte à la suite d'un viol, qui ne supporterait pas d'endurer neuf mois de grossesse à la suite d'un tel drame (et encore moins d'élever un enfant qui lui rappellerait son bourreau).
Mais attardons-nous d'abord sur le cas de Madame Toulemonde, qui apprendrait une grossesse imprévue à la suite d'un rapport non ou mal protégé (et nous comptons là-dedans le cas où une contraception prise correctement s'avère inefficace).
L'engagement d'une vie auprès d'un enfant est lourd, surtout quand il n'est pas souhaité au départ. Et il semble préférable que Mme Toulemonde se rende compte au plus tôt que ça lui sera difficile, voire impossible, de le prendre. Nous trouvons plutôt rassurant que cette personne réalise que poursuivre une grossesse a des conséquences non négligeables.
Si vous considérez que Mme Toulemonde a jusque-là été irresponsable dans sa sexualité, il est bon qu'elle prenne conscience des enjeux et se pose sérieusement la question de sa capacité à assumer la suite. S'il s'agit d'un malheureux concours de circonstances, la réflexion sera d'ailleurs relativement équivalente.
On ne peut pas demander à une personne non consentante de suivre correctement neuf mois de grossesse avec tout ce que cela peut impliquer au niveau de la santé, ni encore moins leur aboutissement, à savoir la prise en charge d'un jeune tiers infiniment vulnérable.
Doit-on du coup mettre sous tutelle Mme Toulemonde pour l'obliger à suivre correctement sa grossesse médicalement (examens, actes médicaux, surveillance des symptômes éventuels...) et surveiller de l'extérieur son quotidien (consommation d'alcool/de tabac/de médicaments, observance des restrictions alimentaires et physiques. etc...) ? Et quand on sait ce qu'est un accouchement, peut-on imposer cette épreuve finale assez corsée à une personne qui ne le souhaite pas ? Une grossesse non investie, surtout lorsqu'elle est poursuivie par contrainte, représenteun risque psychique non négligeable pour Mme Toulemende.
Sans compter que le bénéfice n'est pas certain pour l'éventuel bébé à venir. Si après l'accouchement Mme Toulemonde ne veut ou ne peut toujours pas devenir parent et s'occuper d'un enfant, se pose également la question d'offrir à ce dernier un démarrage dans la vie plus que bancal alors qu'il aura déjà eu bien peu de cartes en main depuis sa conception, y compris au niveau de son développement dans le cas où la grossesse n'aura pasété investie.
Bref, est-il vraiment humain de retirer son libre arbitre à quelqu'un au nom de la possibilité d'une vie à venir ? Ne vaut-il pas mieux prendre en compte les besoins et choix d'une personne déjà là et vivante, plutôt que de protéger à tout prix un embryon qui évoluera jusqu'à devenir un bébé né dans des conditions discutables (qu'on devra éventuellement compenser de bric et de broc sans garantie pour lui d'une existence heureuse) ?
Tu ne souhaitais pas être enceinte ? Réjouis-toi, la vie/Dieu/Cthullu (ou autre) te fait un cadeau inestimable !

Il s'agit ici de la variation religieuse ou spirituelle de l'idée précédente. Nous avons choisi de la développer rapidement, car la croyance cultuelle peut être un moteur de décision important dans le contexte d'une grossesse imprévue.
Grossesse Imprévue est une association aconfessionnelle. Nous laissons donc à la spiritualité de chacun le soin d'estimer la probabilité qu'une entité divine puisse offrir à quelqu'un une grossesse en guise de présent.
Rappelons néanmoins qu'offrir la responsabilité d'une vie n'est pas anodin ! Tout le monde n'est pas capable d'assumer un être aussi profondément dépendant qu'un bébé. Et tout le monde n'en a pas forcément envie non plus. Nous pouvons aussi imaginer de nombreuses raisons pour lesquelles ce présent peut, voire doit être refusé pour plaire à la divinité qui vous l'offre : Peut-on vraiment prétendre avoir connaissance des désirs d'un être supérieur ? Et si, par exemple, la grossesse était l'occasion d'exercer un choix de vie nécessaire à des projets plus vastes ? Si l'expérience d'une IVG et de ses contraintes était nécessaire à un palier de compréhension ? Ce n'est qu'une hypothèse parmi d'autres qui peuvent être envisagées, mais elle nous semble à prendre en compte.
Et abandonner son enfant, alors, ce n'est pas un crime peut-être ?

Confier son enfant à l'adoption est une lourde décision, à la fois pour le parent et l'enfant. A noter que nous n'employons pas le terme "abandon" à dessein : l'enfant est confié à des tiers afin que sa prise en charge et sa protection soient assurés. Il n'est donc pas abandonné.
Parfois, ce choix est fait parce que la découverte tardive de la grossesse empêche une éventuelle IVG. Que ce soit le cas ou non, la personne enceinte estime ne pas pouvoir ou vouloir répondre aux besoins de l'enfant à naître, quelles qu'en soient les raisons. En quoi serait-il dans l'intérêt de l'enfant de lui imposer sa garde ?
On ne peut pas contraindre l'attachement envers un enfant, ni effacer des situations de précarité, de violence ou toute autre circonstance pouvant entraver une parentalité.
Il existe des aides et soutiens pour pallier certaines difficultés, mais cela ne suffit pas forcément :
Pour accueillir et prendre soin d'un bébé, il faut réunir deux conditions indispensables : un environnement matériel suffisamment sécure et un engament technique et affectif à long terme. Seule la personne concernée peut estimer si dans son cas unique et singulier, elle peut offrir cela à l'enfant à venir.
Par ailleurs, une fois l'enfant recueilli, un délai de rétractation de deux mois commence à courir (Source ICI). Il est donc possible de renoncer à cette démarche et d'entamer un projet de parentalité si on le souhaite. Si la situation personnelle de la personne accouchée évolue dans un sens favorable, elle pourra réévaluer son projet si elle le souhaite. En attendant, le bébé aura été mis en sécurité et aura reçu soins.
Si l'enfant risque d'être en danger en restant avec son ou ses parents, pour quelque cause que ce soit, pourquoi considérer une démarche initiée dans le but de lui offrir une prise en charge adéquate comme un acte criminel ?