Témoignages à propos de l'IVG

Sur cette page, vous trouverez  le recueil de plusieurs témoignages au sujet de l'IVG. Les personnes qui ont accepté de nous parler ici de leur expérience ont toutes vécu cette intervention, que ce soit par voie médicamenteuse ou chirurgicale.

Nos témoins sont d'âge, de genres et de conditions sociales divers. De la mêm manière, les circonstances de leur ou leurs IVG diffèrent. Le recueil de leur parole s'est fait via mail ou réseaux sociaux et elles témoignent anonymement.

Néanmoins ce sont des personnes réelles, qui peuvent être légitimement heurtées par des propos non respectueux à l'égard de leur vécu ou d'elles-mêmes. C'est pourquoi si les témoignages sont évoqués sur les réseaux sociaux/forums et autres moyens de communication associés au site, nous serons intransigeants avec les propos inadaptés ou haineux.

L'IVG vécue de manière positive

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Le témoignage de Lilou
Femme cis, 22 ans
IVG pratiquée par voie médicamenteuse à l'âge de 19 ans

Les circonstances

La capote a craqué. Après un mois passé à essayer de me convaincre que je ne tomberais pas enceinte, j'ai dû me résoudre à faire un test et à m'avouer que je l'étais bel et bien.

J'ai eu la chance d'avoir un partenaire qui m'a dit qu'il me soutiendrait peu importe mon choix, et une famille très compréhensive

De toute façon, dès que j'ai su que j'étais enceinte j'ai voulu avorter. A aucun moment du parcours je n'ai douté de ma décision (en grande partie parce que je suis un peu tocophobe et qu'avoir un parasite qui grandit en moi était une idée intolérable).

Mon parcours

J'ai surtout galeré à trouver des infos sur la marche à suivre pour avorter. J'ai appelé des numéros différents, pris rendez vous avec mon médecin, puis retour à la case téléphone... C'est le Planning Familial qui m'a finalement donné le numro du service hospitalier comptétent.

L'attente en compagnie de plein de femmes enceintes et d'enfants/bébés qui jouaient m'a perturbée, mais la gynéco qui m'a prise en charge était un amour. Elle m'a même appris la taille réelle d'un utérus. Je pensais ça beaucoup plus grand !

Ma mère est venue avec moi pour le premier entretien. Après l'angoisse et les larmes du début, tout s'est bien déroulé. L'attente jusqu'à la prise de la pilule (j'ai choisi l'IVG médicamenteuse) m'a parue très longue mais l'IVG en soi s'est bien passée. Après la première heure de douleur, les médocs ont fait effet et j'ai juste eu l'impression d'avoir de grosses règles.

 

Une des seules réactions négatives que j'ai eues, ce fut la femme qui m'a fait la prise de sang de contrôle le mois suivant moin IVG, pour confirmer que je n'étais plus enceinte.

Elle était toute joyeuse en mode "ahh vous allez avoir un bébé !" mais son attitude a complètement changé quand je lui ai dit que je venais justement d'avorter. Ça été très soft en vrai, elle est juste devenue froide mais n'a pas eu de propos méchants ou déplacés. Je l'ai pourtant mal vécu sur le coup.

Ma patronne de l'époque  m'a  également félicitée lorsque je lui ai dit que j'étais enceinte. J'avais 19 ans quand même... C'est aussi un mauvais souvenir mais je pense avoir été relativement épargnée.

Conclusion

Ce sont surtout les réactions extérieures et la peur de celles ci qui ont été un poids pour moi.

L'acte en lui-même n'était pas une partie de plaisir mais c'etait un mal nécessaire, et aujourd'hui je ne le regrette absolument pas. Je le vis bien, je n'ai pas de regrets ou de culpabilité.

Le témoignage de C.B
Non binaire, 27 ans
IVG pratiquée à 24 ans par voie médicamenteuse

Les circonstances

J'avais déjà deux enfants en bas âge et niveau revenus, mon mari et moi n'avions pas assez pour accueillir un troisième enfant. Sans compter que je poursuivais mes études et que j'étais tout le temps fatigué·e. Donc ce n'était pas une bonne situation pour avoir un nouveau bébé.

Mon mari était soutenant. Je m'entoure de personnes qui partagent mes valeurs. Je n'ai pas parlé de l'IVG à n'importe qui, que à des gens à qui je sais que je peux faire confiance sur ce genre de sujets. Je ne l'ai pas dit à ma famille par exemple (autre que mon mari).

On n'a pas envisagé autre chose que l'IVG qui était la meilleure solution, vu ces circonstances et le fait que je ne voulais pas de cette grossesse.

Mon parcours

Je suis allé·e dans une clinique spécialisée. La docteure a été très douce, compréhensive, rassurante et j'ai pu faire une IVG médicamenteuse chez moi. J'ai pris le médicament pendant le weekend, je me suis reposé·e pendant que mon mari s'occupait du reste et c'était comme avoir ses règles.

J'ai trouvé le parcours trop long en revanche. J'ai dû attendre plus de deux heures en salle d'attente avant d'être reçu.e. Ensuite, une fois qu'on m'a expliqué les différentes possibilités et fait remplir des documents, j'ai dû attendre plusieurs jours avant de revenir chercher le médicament avec pareil 2h-3h passées en salle d'attente.

Je suis à peu près sûr.e que le protocole est ainsi pour essayer de dissuader et je trouve ça immoral, parce que pour certain.e.s c'est pas forcément une décision facile à vivre même quand elle est nécessaire.

 

Après l'IVG à la maison, il a fallu y retourner pour voir si tout s'était bien déroulé. Et cette fois au lieu de la gentille docteure de la 1ère fois, j'ai eu affaire à un interne en médecine qui clairement n'appréciait pas ce genre de procédure. Il était très froid et moralisateur quand il m'a fait une prescription de pilule sans mon avis. Quand il a fait une écho par voie vaginale, il n'est pas allé en douceur et a "touillé" comme si j'étais une marmite.

 

À part lui, toutes les personnes que j'ai rencontrées étaient gentilles. Tout le monde était bienveillant, la docteure soutenait mon choix à 100% et a dit que j'avais raison de le faire.

Conclusion

Le problème de longueur de la procédure est dû au système, pas à la volonté des soignantes qui n'ont jamais essayé de me dissuader et n'ont jamais remis en question mon choix. L'interne était le seul homme (et jeune en plus) auquel j'ai eu affaire dans la procédure et le seul pas aimable. Les soignantes prenaient leur temps avec chaque patiente et répondaient à toutes les questions, donc ça allonge aussi le temps d'attente pour les suivantes.

Je n'ai pas regretté d'avoir recours à l'IVG, parce que je savais que ce n'était pas un bon moment pour avoir un nouvel enfant, que ce soit pour le bien-être du futur bébé ou pour nous.

Le témoignage de Lydia,
Femme cis,
IVG pratiquée à par voie médicamenteuse

Circonstances

C’était en 2015.  Je prenais la pilule mais je suis malgré tout tombée enceinte.  A cette époque, j’avais déjà un enfant. Notre situation ne nous permettait pas un deuxième enfant. Mon mari m’a accompagnée tout le long. Depuis nous avons agrandi notre famille.

Mon parcours

Lorsque que j’ai appelé le centre de planification de l’hôpital, j’ai pu expliquer que je voulais une IVG. A aucun moment on n'a essayé de m’en dissuader.

Au ontraire, on m’a expliqué les démarches et le jour J, la sage-femme a été humaine : elle n'a pas posé de questions,  m’a fait l’écho de manière professionnelle, sans parler de bébé mais d’embryon.

C’était une ivg médicamenteuse, j’ai donc pris le premier cachet à l’hôpital, puis le second chez moi. Lors du contrôle, j’ai aussi eu de la bienveillance en face de moi. Ça a été une semaine fatigante mais en aucun cas j’ai été malmenée.

Conclusion

Si je devais rajouter quelque chose, c’est qu’il n’y a pas de honte à avoir à bien vivre son IVG. On n'est pas obligé de mal ou de bien la vivre : une IVG s’inscrit dans un parcours de vie, dans une histoire. Chacun fait ses choix en fonction de son histoire. Et ce choix est un choix intime, qui  doit se respecter.

Le témoignage de Prielle
Femme cis, 38 ans
IVG pratiquées à 25 et 35 ans par voie chirurgicale

Circonstances

Je vis en camion depuis mes 22 ans. C'est un choix de vie et non une contrainte.

La première fois que j'ai avorté, j'avais 25 ans. D'une part, je ne me sentais absolument pas capable de m'occuper d'un enfant, d'autre part mon conjoint et moi étions toxicomanes et avions des problèmes d'addiction à régler. J'ai donc pris la décision d'avorter.

La seconde fois, j'avais 35 ans et en partie pour les mêmes causes je n'avais toujours pas envie de devenir mère.

Mon parcours

Mes deux grossesses ont débuté alors que j'étais sous contraception bien suivie : je prenais la pilule. La découverte de mon état a du coup été tardive à chaque fois. Je n'ai donc pas eu le choix de la méthode d'IVG. Je devais passer par la voie chirurgicale.

Pour ma première demande d'IVG, la secrétaire du Planning Familial a juste un peu insisté et m'a demandé si j'étais sûre de mon choix. Mais à l'hôpital, le gynéco a très bien compris que c' était la meilleure décision à prendre.

Pour ma seconde IVG, les soignants ont été neutres et n'ont pas posé de questions lourdes ou paternalistes. Tout s'est bien passé.

Conclusion

Aujourd'hui encore, si je retombais enceinte, j'interromprais la grossesse parce que nous ne souhaitons toujours pas d'enfants .

Avec mon compagnon nous avons désormais une double contraception : pilule et préservatif. Nous y sommes forcément très attentifs.

Je e regrette pas d'avoir eu recours à l'IVG.

Le témoignage de Constance,
Femme cis, 37 ans,
IVG pratiquée à 18 ans par voie chirurgicale

Circonstances

Ma grossesse a débuté alors que j'étais sous contraception : je prenais la pilule. J'avais dix-huit ans et j'étais en couple avec une personne que j'aimais. Quand je me suis rendu compte de ma grossesse, je me suis immédiatement tournée vers la gynécologue qui m'avait prescrit la pilule.

Mon parcours

nLa gynécologue a été bienveillante. La présence de ma mère a peut-être facilité les choses. Il faut dire que j'avais le soutien et la compréhension de mes deux parents !

J'avais eu un accompagnement par le Planning Familial, y compris au niveau psychologique.

Au premier rendez-vous à l'hôpital, on m'a imposé l'IVG chirurgicale. L'échographie de datation s'est bien déroulée, les rendez-vous et l'acte en lui-même aussi. L'aspiration s'est faite sous anesthésie générale. Globalement l'accompagnement était bon, y compris quand je suis reenue ue semaine après l'IVG pour des douleurs.

 

Il y a malgré tout une exception à cette bienveillance ; lors de mon réveil après l'IVG, j'étais un peu désorientée et je pleurais. Une infirmière m'a serré fort le poignet en me disant "bien fait pour vous" à voix basse. Ca ne m'a pas traumatisée parce que j'étais sûre de mon choix et de mon entourage mais ce geste était très inapproprié et malveillant. Quelqu'un d'autre que moi aurait vraiment pu en souffrir.

Conclusion

En revanche l'IVG n'a pas joué en soi sur mes grossesses suivantes, tout s'étant globalement bien passé. Depuis j'ai eu deux enfants et je suis une maman heureuse. Ces maternités choisies m'ont confirmé que j'avais fait le bon choix à l'époque : à dix-huit ans j'aurais été incapable d'être mère.

Aujourd'hui, si je revivais une grossesse imprévue, je ne sais pas quel serait mon choix étant donné que j'ai un couple et une situation stable qui me permettrait d'élever un troisième enfant.